• De l'encre et des plumes...

  • Les cosmos font de la résistance...

     Desiderata

    Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez- vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes. Dites doucement et clairement votre vérité; et écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant; ils ont aussi leur histoire. Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l'esprit. Ne vous comparez avec personne; vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous. Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressés à votre carrière si modeste soit-elle; c'est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps. Soyez prudent dans vos affaires; car le monde est plein de fourberies. Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe; plusieurs individus recherchent les grands idéaux; et partout la vie est remplie d'héroïsme. Soyez-vous même. Surtout n'affectez pas l'amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l'herbe. Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude. Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles; vous avez le droit d'être ici. Et qu'il soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devrait. Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui, et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant  de la vie, la paix dans votre âme. Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Prenez attention. Tachez d'être heureux. 

     

    Max Ehrmann 1927

     


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    © Tenue d'automne...

    "Je n'ai pas dit : la populace, j'ai dit : les populaces. Dans ma pensée, ce pluriel est important. Il y a une populace dorée comme il y a une populace déguenillée ; il y a une populace dans les salons, comme il y a une populace dans les rues. À tous les étages de la société, tout ce qui travaille, tout ce qui pense, tout ce qui aide, tout ce qui tend vers le bien, le juste et le vrai, c'est le peuple ; à tous les étages de la société, tout ce qui croupit par stagnation volontaire, tout ce qui ignore par paresse, tout ce qui fait le mal sciemment, c'est la populace. En haut : égoïsme et oisiveté ; en bas : envie et fainéantise : voilà les vices de ce qui est populace. Et, je le répète, on est populace en haut aussi bien qu'en bas. J'ai donc dit qu'il fallait aimer le peuple ; un plus sévère eût ajouté peut-être : et haïr la populace. Je me suis contenté de la dédaigner."                                                             

                                                                    Victor Hugo

    (Correspondance, lettre à M. Pierre Vinçard rédacteur en chef de la Ruche populaire, le 2 juillet 1841.)

     

     


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  • © Chez moi la lumière est douce...

     

    Il fait froid

    L'hiver blanchit le dur chemin
    Tes jours aux méchants sont en proie.
    La bise mord ta douce main ;
    La haine souffle sur ta joie.

    La neige emplit le noir sillon.
    La lumière est diminuée...
    Ferme ta porte à l'aquilon !
    Ferme ta vitre à la nuée !

    Et puis laisse ton cœur ouvert !
    Le cœur, c'est la sainte fenêtre.
    Le soleil de brume est couvert ;
    Mais Dieu va rayonner peut-être !

    Doute du bonheur, fruit mortel ;
    Doute de l'homme plein d'envie ;
    Doute du prêtre et de l'autel ;
    Mais crois à l'amour, ô ma vie !

    Crois à l'amour, toujours entier,
    Toujours brillant sous tous les voiles !
    A l'amour, tison du foyer !
    A l'amour, rayon des étoiles !

    Aime, et ne désespère pas.
    Dans ton âme, où parfois je passe,
    Où mes vers chuchotent tout bas,
    Laisse chaque chose à sa place.

    La fidélité sans ennui,
    La paix des vertus élevées,
    Et l'indulgence pour autrui,
    Éponge des fautes lavées.

    Dans ta pensée où tout est beau,
    Que rien ne tombe ou ne recule.
    Fais de ton amour ton flambeau.
    On s'éclaire de ce qui brûle.

    A ces démons d'inimitié
    Oppose ta douceur sereine,
    Et reverse leur en pitié
    Tout ce qu'ils t'ont vomi de haine.

    La haine, c'est l'hiver du cœur.
    Plains-les ! mais garde ton courage.
    Garde ton sourire vainqueur ;
    Bel arc-en-ciel, sors de l'orage !

    Garde ton amour éternel.
    L'hiver, l'astre éteint-il sa flamme ?
    Dieu ne retire rien du ciel ;
    Ne retire rien de ton âme !

    Victor Hugo

     


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  •  Auteur inconnu

     

    Il était une fois quatre individus qu'on appelait
    Tout le monde - Quelqu'un - Chacun - et Personne.
    Il y avait un important travail à faire,
    Et on a demandé à Tout le monde de le faire.
    Tout le monde était persuadé que Quelqu'un le ferait.
    Chacun pouvait l'avoir fait, mais en réalité Personne ne le fit.
    Quelqu'un se fâcha car c'était le travail de Tout le monde !
    Tout le monde pensa que Chacun pouvait le faire
    Et Personne ne doutait que Quelqu'un le ferait…
    En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun
    Parce que Personne n'avait fait ce que Quelqu'un aurait pu faire.

    MORALITÉ :
    Sans vouloir le reprocher à Tout le monde,
    Il serait bon que Chacun
    Fasse ce qu'il doit sans nourrir l'espoir
    Que Quelqu'un le fera à sa place…
    Car l'expérience montre que
    Là où on attend Quelqu'un,
    Généralement on ne trouve Personne.


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    ÊTRE JEUNE 

     

    La jeunesse n’est pas une période de la vie,
    elle est un état d’esprit, un effet de la volonté,
    une qualité de l’imagination, une intensité émotive,
    une victoire du courage sur la timidité,
    du goût de l’aventure sur l’amour du confort.

    On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années:
    on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.
    Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l’âme.
    Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs
    sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre
    et devenir poussière avant la mort.

    Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille. Il demande
    comme l’enfant insatiable : Et après ? Il défie les événements
    et trouve de la joie au jeu de la vie.

    Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre doute.
    Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
    Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement.

    Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
    Réceptif à ce qui est beau, bon et grand. Réceptif aux messages
    de la nature, de l’homme et de l’infini. Si un jour, votre cœur allait être mordu par le pessimisme
    et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard

    Général Mac Arthur 1945


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  •  C'est l'histoire d'un Amour...

     

    Cet Amour

     

    Cet amour
    Si violent
    Si fragile
    Si tendre
    Si désespéré 
    Cet amour
    Beau comme le jour
    Et mauvais comme le temps
    Quand le temps est mauvais
    Cet amour si vrai
    Cet amour si beau
    Si heureux
    Si joyeux
    Et si dérisoire
    Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
    Et si sûr de lui
    Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
    Cet amour qui faisait peur aux autres
    Qui les faisait parler
    Qui les faisait blêmir
    Cet amour guetté
    Parce que nous le guettions
    Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
    Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
    Cet amour tout entier
    Si vivant encore
    Et tout ensoleillé
    C’est le tien
    C’est le mien
    Celui qui a été
    Cette chose toujours nouvelle
    Et qui n’a pas changé
    Aussi vrai qu’une plante
    Aussi tremblante qu’un oiseau
    Aussi chaude aussi vivant que l’été
    Nous pouvons tous les deux
    Aller et revenir
    Nous pouvons oublier
    Et puis nous rendormir
    Nous réveiller souffrir vieillir
    Nous endormir encore
    Rêver à la mort,
    Nous éveiller sourire et rire
    Et rajeunir
    Notre amour reste là
    Têtu comme une bourrique
    Vivant comme le désir
    Cruel comme la mémoire
    Bête comme les regrets
    Tendre comme le souvenir
    Froid comme le marbre
    Beau comme le jour
    Fragile comme un enfant
    Il nous regarde en souriant
    Et il nous parle sans rien dire
    Et moi je l’écoute en tremblant
    Et je crie
    Je crie pour toi
    Je crie pour moi
    Je te supplie
    Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
    Et qui se sont aimés
    Oui je lui crie
    Pour toi pour moi et pour tous les autres
    Que je ne connais pas
    Reste là
    Lá où tu es
    Lá où tu étais autrefois
    Reste là
    Ne bouge pas
    Ne t’en va pas
    Nous qui nous sommes aimés
    Nous t’avons oublié
    Toi ne nous oublie pas
    Nous n’avions que toi sur la terre
    Ne nous laisse pas devenir froids
    Beaucoup plus loin toujours
    Et n’importe où
    Donne-nous signe de vie
    Beaucoup plus tard au coin d’un bois
    Dans la forêt de la mémoire
    Surgis soudain
    Tends-nous la main
    Et sauve-nous.

    Jacques PRÉVERT

     


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  • Photo Moon © Non libre de droits

     

    A ceux qui sont petits

     

    Est-ce ma faute à moi si vous n'êtes pas grands ?
    Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans,
    Le mistral, le simoun, l'écueil, la lune rousse ;
    Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce ;
    Hélas ! l'envie en vous creuse son puits sans fond,
    Et je vous plains. Le plomb de votre style fond
    Et coule sur les noms que dore un peu de gloire,
    Et, tout en répandant sa triste lave noire,
    Tâche d'être cuisant et ne peut qu'être lourd.
    Tortueux, vous rampez après tout ce qui court ;
    Votre œil furieux suit les grands aigles véloces.
    Vous reprochez leur taille et leur ombre aux colosses ;
    On dit de vous : - Pygmée essaya, mais ne put.
    Qui haïra Chéops si ce n'est Lilliput ?
    Le Parthénon vous blesse avec ses fiers pilastres ;
    Vous êtes malheureux de la beauté des astres ;
    Vous trouvez l'océan trop clair, trop noir, trop bleu ;
    Vous détestez le ciel parce qu'il montre Dieu ;
    Vous êtes mécontents que tout soit quelque chose ;
    Hélas, vous n'êtes rien. Vous souffrez de la rose,
    Du cygne, du printemps pas assez pluvieux.
    Et ce qui rit vous mord. Vous êtes envieux
    De voir voler la mouche et de voir le ver luire.
    Dans votre jalousie acharnée à détruire
    Vous comprenez quiconque aime, quiconque a foi,
    Et même vous avez de la place pour moi !
    Un brin d'herbe vous fait grincer s'il vous dépasse ;
    Vous avez pour le monde auguste, pour l'espace,
    Pour tout ce qu'on voit croître, éclairer, réchauffer,
    L'infâme embrassement qui voudrait étouffer.
    Vous avez juste autant de pitié que le glaive.
    En regardant un champ vous maudissez la sève ;
    L'arbre vous plaît à l'heure où la hache le fend ;
    Vous avez quelque chose en vous qui vous défend
    D'être bons, et la rage est votre rêverie.
    Votre âme a froid par où la nôtre est attendrie ;
    Vous avez la nausée où nous sentons l'aimant ;
    Vous êtes monstrueux tout naturellement.
    Vous grondez quand l'oiseau chante sous les grands ormes.
    Quand la fleur, près de vous qui vous sentez difformes,
    Est belle, vous croyez qu'elle le fait exprès.
    Quel souffle vous auriez si l'étoile était près !
    Vous croyez qu'en brillant la lumière vous blâme ;
    Vous vous imaginez, en voyant une femme,
    Que c'est pour vous narguer qu'elle prend un amant,
    Et que le mois de mai vous verse méchamment
    Son urne de rayons et d'encens sur la tête ;
    Il vous semble qu'alors que les bois sont en fête,
    Que l'herbe est embaumée et que les prés sont doux,
    Heureux, frais, parfumés, charmants, c'est contre vous.
    Vous criez : au secours ! quand le soleil se lève.
    Vous exécrez sans but, sans choix, sans fin, sans trêve,
    Sans effort, par instinct, pour mentir, pour trahir ;
    Ce n'est pas un travail pour vous de tout haïr,
    Fourmis, vous abhorrez l'immensité sans peine.
    C'est votre joie impie, âcre, cynique, obscène.
    Et vous souffrez. Car rien, hélas, n'est châtié
    Autant que l'avorton, géant d'inimitié !
    Si l’œil pouvait plonger sous la voûte chétive
    De votre crâne étroit qu'un instinct vil captive,
    On y verrait l'énorme horizon de la nuit ;
    Vous êtes ce qui bave, ignore, insulte et nuit ;
    La montagne du mal est dans votre âme naine.

    Plus le cœur est petit, plus il y tient de haine.

    Victor HUGO

     


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